Bonjour à tous !
Cela fait un petit moment que je n'ai pas posté sur mes petits films d'horreur préférés venus d'Orient. Eh bien aujourd'hui, c'est chose faite avec du lourd, du très lourd même : un petite merveille indonésienne, Pintu Terlarang ou The Forbidden Door.
Commençons avec une présentation de l'oeuvre :
Titre original : Pintu Terlarang
Réalisateur : Joko Anwar
Année de sortie : 2009
Genre : horreur, thriller psychologique
Durée : 115 minutes
Acteurs principaux : Fachry Albar dans le rôle de Gambir
Marsha Timothy dans le rôle de Talyda
Ario Bayu dans le rôle de Dandung
Otto Djauhari dans le rôle de Rio
Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme écrit par Sekar Ayu Asmara.
Le plot :
Gambir est un artiste sculpteur, connu pour ses oeuvres représentant des femmes enceintes. Mais il est également très sensible, a des problèmes sexuels et n'ose jamais dire non à sa compagne, Talyda.
Celle-ci tombe enceinte accidentellement, et décide d'avorter malgré les protestations de Gambir. Elle lui demande ensuite une faveur très étrange : insérer le foetus dans une de ses sculptures. Par amour pour Talyda, il accepte.
S'en suit un engrenage de mensonges, d'horreur, et de chantages que Gambir a du mal à surmonter. Surtout que la peur et le sentiment de dégoût ne sont pas prêts de se terminer...
Tout d'abord, il découvre dans la maison qu'il partage avec Talyda une porte fermée à clé et cachée derrière un meuble. Puis d''autres évènement troublants font surface, comme des appels au secours d'un enfant qui l'envoient vers la piste d'une société secrète dont fait partie un de ses proches.
The Forbidden Door est un film qui m'a agréablement surprise. Avec comme avant-goût en matière d'horreur indonésienne le catastrophique The Empty Chair (une pâle copie des films d'épouvante coréens dont le jeu d'acteurs frôle le pathétique), il m'a fallu quelques semaines avant que je ne me décide finalement de le visualiser. Les critiques sur le net étant assez bonnes, j'ai sauté le pas et je ne le regrette guère.
Tout d'abord, je réclame une standing-ovation à l'image et à la musique de ce long métrage. Les prises de vue et les couleurs sont originales, parfois même drôles, avec beaucoup de clins d'oeil aux années 50 et au cinéma de type Asie du Sud (même qu"un léger air bolywoodien souffle tout au long de l'oeuvre). Parfois on n'échappe pas au kitch, mais c'est ce qui donne un charme certain à Forbidden Door. Je pense particulièrement à l'excellent générique qui mélange le style dessin animé avec le film d'espionnage version Sean Connery.
Les acteurs sont quant à eux très convaincants, surtout Fachri Albar qui joue le protagoniste, Gambir. J'ai plongé immédiatement dans sa détresse, sa quête de vérité, puis, petit à petit, son cheminement vers une certaine folie. En plus, je peux vous l'avouer en toute discrétion : il n'est vraiment pas désagréable à regarder. Tout comme Marsha Timothy, dans le rôle de la mystérieuse et machiavélique Talyda. D'ailleurs, dans la réalité, ces deux-là sont en couple. Forcément ça aide pour la crédibilité.
http://www.openfilm.com/blogs/HelensBlog/the-rekindling-of-indonesian-cinema/
Assez de fioritures, et passons maintenant à l'essentiel : l'histoire et ce qu'en a fait le réalisateur.
Je vous préviens d'emblée : The Forbidden Door n'est pas à mettre entre les mains de tous. Le film est rempli de scènes malsaines, glauques et même difficilement soutenables. Il n'atteind pas le niveau d'un torture porn, mais titille méchamment nos principes et notre morale.
Je me suis sentie assez mal lors de la demande de Talyda concernant l'avenir du foetus récupéré à l'hôpital. J'ai hurlé quand Gambir se met à péter un plomb et violente son épouse. J'ai pleuré en assistant, impuissante, aux souffrances du petit garçon qui appelle désepéremment à l'aide.
J'ai été aussi déstabilisée par le personnage de Gambir, tiraillé entre une soif de justice et de vérité et sa sensibilité, l'amenant à commettre des actes affreux. Mais je le comprends. Et comme je le comprends, je me sens encore plus mal.
Pour ce qui est de la cohérence narrative, The Forbidden Door est incroyablement bien fait. Pourtant ça n'était pas gagné. Je me suis sentie perdue avant la dernière demi-heure, car le film part un peu dans tous les sens : la première intrigue disparaît rapidement au profit d'une autre, qui elle-même subit le même sort. Mais on se rend compte que tout est calculé, afin de remettre chaque pièce du puzzle à sa place et d'offrir un premier twist de qualité.
Car le long métrage n'est pas avare de retournements de situation, et c'est cela qui me plaît dans le genre asiatique (ne l'oublions pas). D'ailleurs, certains de ces twists manquent d'originalité, mais ils sont tellement bien ficelés que je pardonne ces petits soucis à Joko Anwar, scénariste et réalisateur.
La qualité de l'histoire réside également dans ses scènes finales, épiques et paradoxales, comme par exemple une horreur pure filmée de façon anodine et ponctuée de musique d'ascenseur très agréable. Certaines de ces scènes sont très courtes mais apportent énormément à la compréhension du film dans son ensemble. Ou au contraire, elles nous perturbent et font appel à notre imagination.
Je vous conseille d'ailleurs très fortement de regarder le film jusqu'au bout, c'est-à-dire après le générique final car un easter egg essentiel à la narration a été inséré. Malheureusement je l'avais raté lors de ma première visualisation.
Justement, The Forbidden Door ne se regarde pas qu'une seule fois. On le découvre dans un premier temps, puis on le dévore. Lors des visualisations suivantes, on fait attention à tous les détails, dont certains sont indispensables à l'histoire, mais tellement bien dissimulés qu'ils ne retiennent pas forcément notre attention. Je pense notamment à Gambir surprenant une conversation dans les toilettes d'un bar que j'ai mis du temps à comprendre, mais qui en conclusion s'est avérée géniale par son originalité.
Pour ma part, il s'agit d'un chef d'oeuvre, aussi bien au niveau de la réalisation qu'à celui du scénario. Par contre, je conçois qu'il ne peut pas plaire à tout le monde, en particulier à cause de certaines idées malsaines avancées et de la mise en scène loin des standards occidentaux parfois perturbante.
The Forbidden Door est disponible en streaming gratuit et légal sur Viki.com. Par contre, je ne garantis pas entièrement la qualité des sous-titres (en anglais).
A bientôt !